Pourquoi ce blog ?

Ma compagne a été une des premières enseignantes touchées par le Pacte d’Excellence puisque son école est devenue un des établissements pilotes sur lesquels les dispositifs du Pacte ont été testés.

Il n’y a pas si longtemps, les “gueules-noires” descendaient dans les mines de charbon avec des canaris pour vérifier si les boyaux qu’ils venaient de creuser contenaient des poches de grisou, un gaz mortel.

Je confirme qu'au terme de cette année, mon canari est revenu dans un triste état. Il y a donc bien du grisou dans l’enseignement. Nous l'avons constaté et nous ne pouvions vraiment pas garder ça pour nous.

Depuis le temps qu’elle enseigne dans cette école, elle n’a jamais vécu une telle pression contre elle.
C’était d’autant plus incompréhensible que cette école est une petite structure familiale, que la plupart des collègues sont des amis et qu’il y a toujours eu un respect mutuel au sein de l’équipe.
Mais tout a changé cette année. Des méthodes pédagogiques venues de nulle part ont été imposées au détriment de celles qui fonctionnaient déjà, le tout encadré par un management violent. Au final, tout le monde a été atteint et l’équipe a fini par se déchirer.

Cette année aura été particulièrement éprouvante, y compris à la maison où toutes les discussions ont tourné autour de l'école.

J’ai rarement vu quelqu’un aussi impliqué dans son travail que ma compagne, quelqu’un pour qui le mot “vocation” s’applique avec autant de justesse. Que les événements de cette année en arrivent à la faire douter au point de vouloir changer de métier est quelque chose d’inacceptable pour moi. Au fil des jours, je l'ai vraiment vue s'éteindre à petit feu sous mes yeux.

En m’informant, j'ai compris qu'en réalité le problème dépassait la simple relation d’un directeur d’école avec ses enseignants. J'ai voulu lui démontrer qu'elle n'était coupable de rien mais qu’elle était prise dans une sorte de logique morbide au sein de laquelle une vision de l'enseignement comme la sienne n'avait pas sa place. Quelle que soit son efficacité.
J’ai creusé, analysé et fait un certain nombre de recoupements, pour comprendre pourquoi une telle folie s’était abattue sur son école (je suis même parvenu à dénicher quelques “cadavres” inédits dans les placards, notamment du côté des "copiés-collés de la ministre" et de "l’Evidence-Based").

Au fil du temps, nous avons accumulé une telle quantité d'informations qu’il aurait été impossible pour quelqu’un d’extérieur de s’y retrouver. Nous n'avons donc pas eu d’autre choix que de nous y "coller" nous-mêmes et de rédiger ces différents articles pour rendre tout ça plus digeste.
Nous l'avons fait avec toute la rigueur possible, en évitant les accusations à la légère et les procès d’intention pour ne pas affaiblir notre propos. Chaque information présentée ici est donc authentique et toutes les sources sont vérifiables. Bien sûr, nous sommes très remontés contre l’injustice et l’imposture et il arrive parfois (souvent?) qu'on se laisse aller à un petit coup de gueule qui nous fait du bien, mais toujours dans le respect de la vérité.

Il nous a semblé important de partager ces recherches car en discutant autour de nous, nous avons réalisé que les gens n'étaient pas vraiment au courant et que personne n’avait une vision d’ensemble, y compris les enseignants eux-mêmes.
Et en fin de compte, nous n’aurions sans doute jamais commencé ce blog si, à travers ces réformes de l’enseignement, l’enjeu n’était pas les enfants eux-mêmes et le projet de société que nous, les adultes, voulons leur offrir.

Ma compagne est une institutrice de la “base” sans attache politique. Moi-même, je ne fais pas partie du monde enseignant. Nous n’avons aucun intérêt personnel dans tout ceci, sinon l’envie de fournir quelques clés de lecture.

Aujourd’hui, nous pensons être arrivés au bout de notre démarche.
Nous aimerions passer la main pour que, au-delà de ce blog, chacun continue de s’informer.
Nous voudrions que chacun reste éveillé en n'oubliant jamais d'aiguiser son esprit critique.
Et surtout qu’on laisse les canaris en paix.